La crise sanitaire, quel impact sur le marché luxembourgeois ?

La crise sanitaire du Covid-19 impacte le marché luxembourgeois ? Entre l’accélération de la flambée des prix et les nouvelles règlementations strictes en matière de prêts hypothécaires, cette crise sanitaire devrait même impacter durablement le secteur. On vous explique tout dans cet article.

 

La crise sanitaire du Covid-19 impacte le marché luxembourgeois ?

Si la crise sanitaire du Covid-19 a eu des répercussions sans précédent sur bon nombre de secteurs de notre société, l’immobilier luxembourgeois, lui, n’a pas été frappé de plein fouet depuis le mois de mars 2020 et les premières mesures prises par les autorités pour ralentir la propagation du virus.

Pour s’en convaincre, il suffit de regarder les chiffres : par rapport au quatrième trimestre 2019, on a constaté au quatrième trimestre 2020 une hausse annuelle du prix des logements de 16,7 % ! Pour la deuxième année consécutive, on note donc une croissance à deux chiffres des prix de l’immobilier au Luxembourg*

Année Logements anciens et neufs Logements anciens Maisons anciennes Appartements anciens Logements neufs
2016 +6,01% +6,21% +6,02% +6,47% +5,61%
2017 +5,63% +5,72% +5,73% +5,73% +5,46%
2018 +7,04% +7,75% +7,22% +8,52% +5,63%
2019 +10,12% +10,86% +11,05% +10,56% +8,53%
2020 +14,50% +14,70% +13,55% +16,32% +14,47%

*Source : Statec — Observatoire de l’Habitat

Les raisons de cette hausse soutenue sont à mettre à l’actif de plusieurs facteurs, mais le décalage profond entre la demande et l’offre est souvent la réponse mise en avant pour expliquer ce phénomène.

 

La crise sanitaire, un accélérateur de la flambée des prix sur le marché luxembourgeois ?

Le Covid a-t-il joué un rôle dans cette flambée des prix ? Très certainement. De tout temps, l’immobilier a été vu comme une valeur refuge dans un contexte socio-économique incertain. Face à la situation de crise vécue il y a un an et demi, peu de propriétaires de maisons, d’appartements et de terrains ont donc été enclins à mettre leur bien en vente. Un phénomène qui a réduit une offre déjà très faible au Luxembourg.

D’un autre côté, la demande, elle, n’a pas cessé de croître, ce qui a accentué encore ce décalage entre vendeurs et acheteurs.

Les observateurs s’accordent à dire que cette croissance des prix de l’immobilier au Luxembourg – mais aussi dans les autres grandes villes d’Europe – perdurera, mais dans de moindres proportions.

 

Vers un afflux supplémentaire de liquidités dans la pierre ?

Si l’on en croit Thomas Valici, économiste à la Fondation Idea interrogé par le Luxemburger Wort à ce sujet, la crise du coronavirus a eu un autre impact sur les ménages luxembourgeois. « Une partie de l’épargne forcée, constituée par les ménages les plus aisés lors de la crise du COVID-19, pourrait bel et bien précipiter un afflux supplémentaire de liquidités dans la pierre », expliquait-il au quotidien luxembourgeois.

Un phénomène qui pourrait évidemment accentuer encore l’écart entre l’offre et la demande dans le futur.

 

L’accès à la propriété de plus en plus difficile au Luxembourg

Plus que des espaces où l’on vit, les biens immobiliers sont de plus en plus considérés comme des sources d’investissement intéressantes. Et on ne peut pas contredire ce point de vue quand on voit la valeur que prend l’immobilier au Luxembourg, qui plus est lorsqu’on évolue dans un environnement de taux bas, comme actuellement.

Néanmoins, cette flambée des prix a pour conséquence un accès à la pierre de plus en plus difficile. Et l’impact de la crise du coronavirus sur les institutions bancaires pourrait accentuer cette problématique. Empêtrées dans la crise économique post-Covid, les banques pourraient en effet réclamer davantage de garanties aux futurs acquéreurs. Avec des prix dépassant déjà parfois l’entendement et des conditions encore plus strictes pour se voir octroyer un crédit, il serait encore plus difficile pour les acheteurs d’accéder à la propriété.

Depuis le 1er janvier 2021, de nouvelles conditions pour l’octroi de prêts immobiliers sont d’ailleurs déjà en vigueur dans les banques. Ces nouveaux standards visent à garantir la stabilité du système bancaire luxembourgeois et éviter le surendettement des ménages, qui pourrait être imputé à la crise sanitaire.

  • 100 % du prêt pour les primo-accédants

Les personnes qui souhaitent acquérir leur premier bien se voient désormais accorder un prêt qui ne peut dépasser le montant effectif de celui-ci. Auparavant, certaines banques englobaient dans ce prêt hypothécaire les frais d’enregistrement, les frais de notaire ou une enveloppe pour les travaux.

  • 80 % du prêt pour les propriétaires qui souhaitent étendre leur patrimoine

Les personnes possédant déjà une propriété et désireuses d’étendre leur patrimoine avec un nouveau bien ne pourront obtenir que 80 % du crédit, c’est-à-dire qu’ils devront apporter 20 % de la somme pour se voir accorder le prêt.

  • 90 % pour les propriétaires qui déménagent

Enfin, les propriétaires luxembourgeois qui souhaitent déménager pourront obtenir un prêt à hauteur de 90 % de la somme. Ils devront donc s’acquitter de 10 % du montant en fonds propre pour acquérir leur nouveau toit.

En résumé, si la crise du Covid a accéléré la progression des prix de l’immobilier et a peut-être rendu l’accès à la propriété plus compliqué, son impact sur le long terme est difficile à prédire. Les professionnels du secteur s’adaptent en tout cas pour minimiser l’effet de cette crise sur le marché de l’immobilier, véritable pilier de l’activité économique du pays.